Par Alain Fortier
L’utilisation de l’intelligence artificielle ainsi que des apprentissages machine et profond augmente l’intérêt des professionnels affaires et technologies à accéder à davantage de données ouvertes. Selon des spécialistes de l’industrie, la combinaison de celles-ci et de l’intelligence artificielle aura autant d’impact qu’a pu en avoir le mouvement du logiciel libre et à code source ouvert sur des modèles d’affaires novateurs comme Google et GitHub. En 2012, Sir Tim Berners-Lee, l’inventeur du Web, et Sir Nigel Shadbolt, expert en intelligence artificielle, ont mis sur pied l’Open Data Institute (ODI). Leurs travaux et leurs interventions comme conseillers stratégiques auprès du gouvernement anglais ont résulté en la création du site très acclamé data.gov.uk, sur lequel sont publiés plus de mille jeux de données.
Au cours des dix dernières années, plusieurs autres gouvernements ont rendu des jeux de données disponibles par défaut. Par définition, les données ouvertes sont accessibles à qui veut les consulter, les modifier, les réutiliser et les partager. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les décideurs gouvernementaux sont encouragés à rendre accessibles au public les données dont ils disposent en s’appuyant sur des valeurs de transparence, d’intégrité et d’imputabilité face à leurs populations respectives. Des sites comme Open Data Impact Map répertorient près de 90 pays où certains types de données sont mis à la disposition du public. L’objectif avoué de ces initiatives est de stimuler l’entrepreneuriat et l’innovation dans les entreprises et en ce qui a trait aux services centrés sur le citoyen.
Des organisations privées et des agences rendent aussi disponibles certains jeux de données. Ce matériel couvre un large spectre, des informations relatives à la géolocalisation jusqu’à celles permettant la reconnaissance faciale. Pour favoriser la collaboration entre les divers acteurs de l’écosystème, l’organisme Open Data Charter a mis sur pied une série de principes pour faciliter une saine diffusion des données ouvertes. La valorisation des données publiées par des organismes privés ou publics offre autant la possibilité de mieux comprendre des enjeux sociétaux comme la famine que d’agir comme accélérateur pour d’autres organisations.
Depuis 2016, le portail collaboratif Données Québec regroupe les données ouvertes du gouvernement du Québec et de plusieurs municipalités de la province. Lors du dernier Sommet canadien sur les données ouvertes, le caractère novateur et la qualité de ce que l’on peut retrouver sur ce site ont permis à celui-ci de remporter en 2018 le grand prix canadien de l’excellence. Par ailleurs, des entrepreneurs ont su valoriser ce contenu pour répondre à certains enjeux. Par exemple, l’application Doctr publie en temps réel le taux d’occupation des urgences au Québec et l’application Transit facilite la planification des déplacements en considérant l’ensemble des options de transport offertes sur un territoire.
Cependant, malgré plusieurs initiatives et activités de promotion, la publication massive de données ouvertes n’a pas su livrer tous les bénéfices anticipés. Pour expliquer ces ratés, certaines hypothèses pointent la méconnaissance de l’existence de cette ressource ainsi que le manque de formation adéquate pour valoriser les données rendues publiques. Certains experts suggèrent également aux gouvernements de ralentir l’empressement de publier davantage de matière et de s’attarder d’abord à la qualité de celle-ci avant sa diffusion.
Et vous, comment utilisez-vous les données du portail de Données Québec dans votre organisation?