Par Julien Baudry
D’ici 2050, 50% de la population mondiale devrait vivre en zone urbaine. Les chiffres de l’Organisation des Nations Unies qui prédisent une urbanisation croissante laissent aussi dans leur sillage tout un lot de questions auxquelles les collectivités doivent répondre. Quand on sait, par exemple, que les zones urbaines consomment déjà entre 60% et 80% de l’énergie mondiale, on se doit de reconnaître que le défi est de taille… colossale. Enfin, il serait plus juste de parler de défis avec un grand « S », car ils sont non seulement majeurs, mais aussi nombreux. Ils sont tant environnementaux que sociaux, économiques et politiques.
Dans ce contexte, les administrations municipales doivent trouver de nouvelles stratégies pour renforcer la performance et la durabilité des villes. Cette situation n’est pas étrangère au concept des villes intelligentes, une vision de plus en plus présente dans les politiques nationales et internationales, mais souvent mal comprises par les électeurs. Au-delà des définitions, c’est dans les usages découlant de cette vision que l’on comprend mieux ce besoin d’équilibre entre le développement social et la croissance économique, appuyée par une bonne dose de numérique. De la consommation d’énergie, en passant par la mobilité durable, à la transparence démocratique sans oublier les services directs aux citoyens, l’activité urbaine est complexe et donc propice à l’utilisation des données qu’elle génère.
Ainsi, au même titre que la finance a peu à peu été révolutionnée par l’arrivée des fintech, le développement et la gestion du territoire font une place de plus en plus importante aux données. Ainsi, du projet Philly311 de Philadelphie, en passant par les informations géospatiales intégrées et interopérables de Seattle, jusqu’au projet AngelNet de Mexico, les projets se multiplient pour mieux servir les citoyens et améliorer, par le fait même, la qualité de vie en utilisant des moyens technologiques. Le gouvernement fédéral s’est aussi invité dans la partie en soutenant le Défi des villes intelligentes et plusieurs projets, parmi les villes finalistes, sont prometteurs. Par exemple, la municipalité de Côte-Saint-Luc installe des détecteurs de surveillance à domicile, soit un traceur GPS et des détecteurs de chute, chez des personnes âgées vivant seules, afin de vérifier si elles vont bien ou pas. Avec les données et un peu d’intelligence artificielle, il est même possible de détecter de possibles problèmes pour que la Ville et les services de santé puissent agir.
Toujours sur l’île, la Ville de Montréal n’est pas en reste. Après avoir remporté, en 2017, le titre prestigieux de « la ville la plus intelligente au monde » du Intelligent Community Forum, la métropole a, notamment, pour objectif d’utiliser les technologies pour réduire le recours à la voiture. Elle ambitionne d’ajouter à son offre de transports en commun des formes de mobilité comme l’autopartage à la demande, les véhicules sans conducteur et le vélopartage. Cependant, ce n’est pas tout, car Montréal innove comme jamais auparavant. Ainsi, on n’y parle pas uniquement de « ville intelligente », mais aussi de transition informatique avec, en-tête, une volonté bien réelle de devenir un « early adopter » des nouvelles tendances. Avec près de 26 000 employés et un territoire aussi complexe que vaste, c’est tout un défi.
À l’occasion de Datavore, Yannick Allard, architecte de solutions en sciences des données, se propose d’ailleurs de lever, un peu, le voile sur ce qui se prépare dans les bureaux de la Ville de Montréal à l’occasion de sa conférence. Parions que plusieurs pourraient être surpris de ce qui nous attend, car l’analytique ne fait qu’arriver en ville.